Avec le dépôt du projet de loi 106, le gouvernement atteint un nouveau sommet dans le déni de la réalité.
Présenté comme une réponse aux enjeux d’accès en première ligne, ce projet de loi repose sur une vision erronée de la situation sur le terrain. Penser qu’un tel texte législatif suffira à corriger des décennies de pénurie de médecins de famille et de professionnels de la santé relève de la pensée magique.
Pendant ce temps, ce sont les patients qui attendent, et les médecins de famille qui s’épuisent.
Le gouvernement fait fi des faits, des données et des expertises, y compris celles de son propre ministère et des experts qu’il a lui-même mandatés.
Le projet de loi 106 ne créera pas magiquement des milliers de nouveaux médecins de famille. Il ne réglera pas l’absence de ressources professionnelles pour les appuyer. Et il ne valorisera certainement pas le lien de confiance entre les patients et leurs médecins de famille — un lien que les Québécois tiennent à préserver : ils sont d’ailleurs 71 % à refuser le modèle défendu par le gouvernement selon un sondage Léger mené du 17 au 20 avril derniers.
Le premier ministre Legault veut que ça brasse. Ce que les médecins de famille veulent, c’est que ça marche ! GAP, télémédecine, IPS en GMF : nous sommes les premiers à vouloir que le système de santé avance. Mais pour cela, encore faut-il regarder la réalité en face. Encore faut-il avoir la volonté d’écouter ceux qui pratiquent chaque jour sur le terrain.
Depuis des années, nous tendons la main. Encore récemment, nous avons proposé de soumettre le différend à l’arbitrage, comme cela se fait naturellement ailleurs. Mais le gouvernement, lui, semble négocier avec un projet de loi déjà rédigé depuis bien plus longtemps qu’il ne le laisse entendre.
Difficile de trouver des solutions avec quelqu’un qui refuse d’ouvrir les yeux. Les médecins de famille demeurent pourtant disponibles pour en trouver.
Parce que derrière chaque position politique, il y a des visages, des familles, des vies.
Parce que nous ne cherchons pas l’affrontement.
Nous cherchons des résultats.
Pour nos patients, pour le Québec.
Prise de position de l'Association médicale canadienne (AMC)